Évaluation des risques pour la santé associés à la présence de virus dans les eaux souterraines utilisées comme sources d’approvisionnement en eau potable
Pierre Payment, professeur, Centre INRS-Institut Armand-Frappier, Institut national de la recherche scientifique (INRS), 2005 - 2007
Enjeu
Le maintien de procédés de traitement sécuritaires et efficaces demeure une des principales préoccupations des fournisseurs d’eau potable. Pourtant, 35 % des maladies diarrhéiques ont été attribuées à de l’eau potable du robinet conforme à toutes les normes en matière de sécurité. Même si l’eau souterraine constitue généralement une source bien protégée d’eau potable, des contaminants peuvent être transportés dans un aquifère.
Si la détection des contaminants bactériens ou la mesure des concentrations de produits chimiques réglementés est chose relativement facile et effectuée sur une base régulière, les indicateurs des tests actuels ne détectent ni les virus ni les parasites et ceux-ci demeurent à l’origine de bon nombre d’éclosions d’origine hydrique. Ce projet, sous la direction de Pierre Payment, visait à fournir aux partenaires des données à des fins réglementaires et d’évaluation des risques.
Projet
Les chercheurs ont recueilli des échantillons pour comparer des technologies mises au point pour détecter et identifier des virus et des indicateurs dans l’eau potable.
Plusieurs sites municipaux s’approvisionnant en eau potable dans l’aquifère ont donc été mis à contribution, en Ontario, au Québec et en Alberta. On y a évalué ce qui suit:
- La présence d’un certain nombre de microorganismes différents
- La valeur de divers indicateurs bactériologiques
- Des données environnementales, hydrogéologiques et physicochimiques complémentaires
- La sensibilité des tests conçus pour la détection et l’identification microbienne
- Le degré de risque associé à la présence de virus dans les eaux souterraines
Les chercheurs ont constaté que dans les eaux souterraines testées les risques pour la santé des populations étaient extrêmement faibles, dû à la rare occurrence des virus dans les eaux non traitées et au traitement adéquat des approvisionnements contaminés. D’après les résultats obtenus, les coliformes totaux demeuraient le meilleur paramètre pour évaluer la qualité microbienne de l’eau souterraine, car leur présence indiquait qu’il y avait des virus.
Produits
Les connaissances générées dans le cadre de ce projet ont été largement diffusées de maintes façons:
- Préparation d’un rapport exhaustif distribué aux services publics partenaires, au Comité fédéral-provincial-territorial sur l’eau potable, à la Direction générale de la protection de la santé de Santé Canada et aux ministères provinciaux de l’Environnement et de la Santé.
- Compilation des données sur l’occurrence de virus en Alberta, au Québec et en Ontario – une telle information n’avait jamais été recueillie à ce jour au Canada.
- Présentation des résultats lors de congrès provinciaux, nationaux et internationaux; publications d’articles dans des revues à comité de lecture et d’associations professionnelles locales.
- Diffusion par du personnel hautement qualifié : p.ex., transfert des connaissances et des méthodes du personnel technique aux étudiants de cycles supérieurs et autres participants.
Publications:
- Payment P. et A. Locas. « Pathogens in water: value and limits of correlation with microbial indicators », Groundwater, vol. 49, no 1 (2011), p. 4 – 11.
- Locas, A., C. Barthe, A.B. Margolin, P. Payment. « Groundwater microbiological quality in Canadian drinking water municipal wells », Can. J. Microbiology, vol. 54 (208), p. 472-478.
- Locas, A., C. Barthe, B. Barbeau, A. Carrière, P. Payment. « Virus occurrence in municipal groundwater sources in Quebec, Canada », Can. J. Microbiology, vol. 53, no 6 (2007), p. 688-694.
Résultats
- Compréhension accrue de l’occurrence et des risques potentiels associés à la présence de virus dans les eaux souterraines.
- À ce titre, les instances fédérales, provinciales, territoriales et municipales, de même que les organismes de santé publique, ont maintenant accès à des données sur l’occurrence et les risques potentiels associés à la présence de virus dans les eaux souterraines.
- Les données obtenues dans le cadre de ce projet donnent un aperçu des actions requises pour réduire les impacts que les contaminants microbiens présents dans les eaux souterraines peuvent avoir sur la population, ce qui permettra de réduire de façon importante les risques pour la santé publique.
- Les données seront utiles aux organismes de réglementation qui comprendront mieux les risques pour les populations, permettant ainsi de déterminer les mesures adéquates pour protéger la santé publique, comme de nouveaux règlements ou de nouvelles exigences en matière de traitement.