Accroître la valeur de l’eau : comment maximiser la contribution durable de l’eau à l’économie canadienne
Diane Dupont, professeure, Département d’économie, Université de Brock, 2008 - 2012
Enjeu
Les changements climatiques peuvent avoir de graves incidences sur l’approvisionnement en eau. Les Canadiens doivent donc utiliser leur eau de façons efficaces et durables. Cependant, les efforts en ce sens ont dans le passé été freinés par un manque de données économiques sur l’utilisation de l’eau et la valeur connexe. Ce projet, dirigé par Diane Dupont, a mis en lumière les forces économiques qui façonnent l’utilisation de l’eau et a repéré les politiques et règlements qui favorisent l’utilisation efficace de l’eau et la contribution potentielle de l’eau à l’économie canadienne.
Les objectifs du projet sont les suivants : 1) approfondir les connaissances des facteurs qui régissent l’utilisation actuelle de l’eau par les entreprises (surtout les entreprises agricoles) et les foyers et leurs évaluations de la quantité et de la qualité de l’eau. Cela comprend l’examen des décisions relatives à l’adoption de technologie de conservation de l’eau et les choix de substituts à l’eau qui s’offrent aux ménages inquiets des risques associés à une moins bonne qualité d’eau; 2) améliorer la prévision de la demande en eau pour être en mesure de prédire des scénarios futurs à cet égard; 3) traduire ces connaissances à l’intention des partenaires et utilisateurs finaux pour qu’ils puissent estimer les demandes et les valeurs de l’eau, établir des tarifications rentables et des règlements provinciaux efficaces et des méthodes de prévision des demandes en eau.
Projet
’équipe du projet a adopté une approche multidisciplinaire qui intègre l’économie, la géographique économique et le génie. Les chercheurs ont d’abord examiné la structure des relations comportementales de base (comme les demandes en eau et l’adoption de technologies qui utilisent de l’eau) qui régissent l’utilisation de l’eau dans les principaux secteurs consommateurs d’eau au Canada. Cette analyse comportait une estimation économétrique des modèles simulant demande en eau/adoption de technologie pour les secteurs résidentiels et industriels, et la collecte de données par le biais de sondages et par les partenaires. Ainsi, il a fallu par exemple concevoir un modèle conjoint de demande en eau d’irrigation et d’adoption de technologie pour le secteur agricole. L’équipe s’est penchée sur les circonstances dans lesquelles les agriculteurs ont adopté une technologie d’irrigation et des pratiques de gestion plus efficaces, les perceptions de ces agriculteurs à cet égard et les incidences des programmes de subvention. Les chercheurs ont élaboré des méthodes pour mesurer les demandes en eau des cultures et ils ont déterminé les meilleures pratiques pour économiser l’eau – c.-à-d. maximiser les rendements des cultures tout en conservant l’eau. Les chercheurs, dans un autre exemple, ont aussi intégré à leur évaluation les résultats d’enquêtes sur les attitudes des ménages, leur degré d’acceptation et leurs perceptions des risques pour la santé que représente l’utilisation d’eaux usées récupérées.
Les chercheurs se sont aussi attardés à comprendre et concevoir des structures incitatives, comme la tarification municipale de l’eau. Grâce à la collaboration de plusieurs villes, l’équipe a pu modéliser les demandes en eaux municipales. Une des composantes du projet consistait à préparer un rapport de prévision de la demande en eau pour la région de York, en Ontario. Ces modèles ont permis d’améliorer les signaux des coûts de l’utilisation de l’eau, de promouvoir l’utilisation efficiente de l’eau et l’investissement dans des technologies de conservation de l’eau. Ces travaux ont aussi aidé à mieux comprendre la prise de décision des ménages relative aux rénovations domiciliaires visant la conservation de l’eau et à l’achat de filtres et d’eau embouteillée. L’augmentation du prix de l’eau tout comme les méthodes de conservation non liées au prix augmentent la probabilité d’adoption par les ménages de cuvettes et douches à débit d’eau restreint. Les inquiétudes et perceptions des consommateurs à propos de la présence de contaminants dans l’eau les poussent à dépenser davantage pour se protéger. Cela représente des dépenses annuelles de plus de 500 millions de dollars.
Après cette première évaluation exhaustive de la valeur de l’eau en 25 ans au Canada, on peut maintenant brosser un portrait national de ce que nous savons à propos de la valeur de l’eau. De façon générale, on a constaté que la valeur associée aux utilisations agricoles et industrielles de l’eau n’est pas aussi importante que ce l’on présumait au départ et qu’au contraire c’est la préservation des milieux humides et des débits réservés qui s’avère beaucoup plus précieuse que prévue.
Produits
- Développement d’un système d’irrigation basé sur le « goutte-à-goutte » incluant des senseurs et un logiciel mesurant la quantité d’eau requise pour irriguer. Avant la venue de cet outil combinant senseurs et logiciel, les besoins en eau étaient déterminés de façon subjective. Le modèle informatique mis sur pied possède une interface graphique conviviale et utilise des mesures en temps réel permettant aux agriculteurs de savoir quand commencer ou cesser l’irrigation.
- Les agriculteurs ont constaté les améliorations dans les rendements en utilisant le modèle en parallèle avec l’irrigation au goutte-à-goutte en surface.
- Dans un autre cas, un agriculteur a intégré la technologie GPS pour aligner les plants avec les tuyaux de goutte à goutte enfouis. Il a pu économiser de l’eau et obtenir des rendements plus élevés.
- Grâce à ce projet, le réseau WEPGN a reçu 2,31 millions de dollars du Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) pour trouver des solutions aux problématiques soulevées par divers groupes.
- Le groupe d’experts a élaboré les lignes directrices d’un document de normes à l’intention du Royal Institute of Chartered Surveyors. Ce document décrit une méthode d’évaluation pour l’eau à des fins réglementaires, comme pour les prêts, la comptabilisation et l’évaluation. L’Institut l’a adopté comme guide pour ses 140 000 membres dans le monde.
L’équipe de projet a produit plusieurs rapports pour les utilisateurs :
- 2011 – Renzetti, Dupont, Wood. Entre nos doigts, rapport pour l’Initiative en économie bleue (Blue Economy Initiative).
- 2010 – Brandes, Renzetti, Stinchcombe. Worth Every Penny: A Primer on Conservation-Oriented Water Pricing, POLIS Project, Victoria.
- 2010 – Bjornlund. The Competition for Water: Striking a Balance among Social, Environmental and Economic Needs, C.D. Howe, Toronto,
- 2010 – Dupont. Bottle Matters, Water Canada, novembre/décembre 2010.
- 2009 – Renzetti. Wave of the Future: The Case for Smarter Water Pricing, C.D. Howe, Toronto. Cité dans le cadre du sondage auprès des chefs et directeurs d’entreprises de BDO Dunwoody (BDO Dunwoody Weekly CEO/Business Leader Poll).
- 2009 – Sustainable Management of Groundwater in Canada, rapport pour le Conseil des académies canadiennes, Ottawa (Renzetti était un membre expert du comité).