Au cours de l’année écoulée, nous avons travaillé avec le Centre de collaboration nationale des maladies infectieuses (CCNMI) pour faciliter un programme d’apprentissage par les pairs qui renforce les connaissances et les ressources pour interpréter et communiquer efficacement les données de surveillance à base d’eau usée (SEU) à travers le Canada.

La phase inaugurale du programme a débuté en avril 2023 et se termine en mars 2024. Au cours de cette période, 28 praticiens de la santé publique de cinq provinces ont participé activement au programme. Ces praticiens desservent diverses communautés, y compris des centres urbains et des populations autochtones. Leurs responsabilités couvrent un large éventail, et leur expérience collective englobe les SEU pour COVID-19 et d’autres agents pathogènes. Parmi les participants se trouvaient des médecins hygiénistes, des responsables de l’hygiène du milieu, des épidémiologistes et d’autres experts compétents.

« Notre participation à ce programme nous a été très utile. Elle nous a permis de créer une communauté de pratique qui favorise l’échange d’informations et de connaissances entre les différentes agences participantes. La nature interdisciplinaire du projet est un aspect très important. Tous ces différents groupes professionnels ne parlent pas nécessairement le même langage scientifique. Apprendre à communiquer ensemble nous a donc été très utile. »

Nancy Slipp, KFL&A Public Health, participante au programme SEU du RCE-CCNMI

Identifier les besoins des praticiens

L’une des premières activités que nous avons menées au début du programme a été une évaluation visant à identifier les besoins des praticiens en termes d’interprétation et de communication des données de l’SEU. L’évaluation a révélé que les praticiens ont besoin d’informations sur les points suivants

  • Trouver un signal dans le bruit : Examiner les facteurs externes de collecte de données qui influencent l’analyse des tendances (par exemple, comportementaux, environnementaux, techniques, méthodologiques, etc.)
  • Les données complémentaires : Comment utiliser les données du SEU en conjonction avec d’autres flux de surveillance de la santé publique, en particulier les données cliniques.
  • Traduire les tendances des données en actions : Identifier les points de déclenchement de l’action.
  • Solutions d’échantillonnage : Spécifique aux communautés autochtones éloignées et isolées, partage de stratégies pour surmonter les difficultés liées à l’obtention, à l’analyse et au transport des échantillons.
  • Considérations éthiques : Examen de la confidentialité et de la granularité des données dans les petites communautés, comment établir des relations avec les communautés et comprendre les principes éthiques de la gouvernance des données.

Les participants du secteur de la santé publique ont souligné que la surveillance des eaux usées complétait de manière significative les données de santé publique existantes. Contrairement aux données cliniques, qui peuvent prendre du retard, la surveillance des eaux usées fournit un signal d’alerte précoce aux hôpitaux, aux services de santé publique et aux congrégations en détectant la présence d’agents pathogènes dans la communauté jusqu’à une semaine à l’avance.

Certaines communautés indigènes isolées voient de grands avantages à disposer de programmes SEU en tant que système d’alerte précoce sur la présence de nouveaux agents pathogènes dans la communauté. Toutefois, la mise en place et le maintien de ces programmes posent des problèmes importants. La collecte d’échantillons dans les systèmes d’assainissement non canalisés et leur transport à des milliers de kilomètres vers des laboratoires posent des problèmes logistiques. La formation et le maintien d’une main-d’œuvre qualifiée sont également nécessaires pour gérer les programmes SEU. Les innovations récentes en matière d’échantillonneurs automatisés pourraient permettre de relever certains de ces défis.

Le plus important dans les communautés indigènes est le comportement éthique des personnes impliquées dans le SEU. Cela commence par la souveraineté directe de la communauté sur les données, y compris la propriété, le contrôle, l’accès et la possession. Les chercheurs ou les professionnels de la santé publique qui se rendent dans les communautés indigènes pour collecter des données sur les eaux usées sont invités à respecter les principes du Qaujimajatuqangit inuit, les principes de PCAP des Premières nations et d’autres protocoles éthiques appropriés.

Au niveau local, les tableaux de bord et les sites web du SEU sont devenus des outils efficaces de communication avec le public. Ces outils peuvent être rapidement mis à jour pour présenter les résultats les plus récents. La prolifération des tableaux de bord de santé publique a alimenté la demande du public d’avoir accès aux données du SEU en temps quasi réel. Le fait de disposer d’informations impartiales, faciles à comprendre et de messages clairs sur les risques a changé la donne. Ils se sont avérés essentiels pour une prise de décision efficace en matière d’évaluation des risques et de prise de mesures de protection appropriées par les membres des congrégations telles que les résidences universitaires, les maisons de soins de longue durée et les institutions religieuses.

Faciliter les conversations en cours

Le cœur du programme SEU du RCE-CCNMI réside dans ses réunions virtuelles mensuelles. Ces sessions facilitent l’apprentissage entre pairs et le partage des connaissances entre les praticiens de la santé publique. En outre, le programme bénéficie des points de vue des invités. Des experts de renom, tels que le Dr Amy Kirby des Centers for Disease Control and Prevention (CDC) aux États-Unis, le Dr Gertjan Medema du KWR Watercycle Research Institute aux Pays-Bas et le Dr Doug Manuel de l’Université d’Ottawa au Canada, apportent des points de vue précieux. Leur contribution est complétée par les conseils d’un groupe consultatif d’experts composé de Michael Becker de l’ASPC, David Patrick de l’Université de la Colombie-Britannique, Kari Johnston de One Yukon Coalition et Wendy Pons du Conestoga College.

Reconnaissant que les communautés indigènes rurales, éloignées et isolées sont confrontées à des défis uniques en matière de SEU, le programme prévoit un espace dédié à ces contextes. Les prestataires de santé publique desservant ces régions se penchent sur les opportunités et les obstacles qui les caractérisent. Cette exploration comprend des solutions d’échantillonnage et des considérations éthiques concernant la surveillance des eaux usées. Dans le cadre de cet effort, les participants ont appris du Dr Catherine Dickson et de Reggie Tomatuk du Conseil cri de la santé et des services sociaux, et ont participé à une session de formation sur les principes de propriété, de contrôle, d’accès et de possession (PCAP), animée par le Centre de gouvernance de l’information des Premières nations.

Perspectives d’avenir

Le RCE et le CCNMI poursuivent le programme SEU avec de nouveaux participants au cours de l’exercice 2024-25. Le nouveau programme comporte un volet d’apprentissage axé sur les communautés autochtones du Nord. Il comprend également une série de forums visant à établir un dialogue entre les autorités sanitaires provinciales sur leurs expériences actuelles et leurs plans futurs pour les programmes de SEU financés et coordonnés au niveau central dans leurs juridictions respectives. Pour plus d’informations, veuillez consulter le site web du RCE.