La session Blue Cities, Planification face à l’incertitude, a présenté au secteur canadien de l’eau la planification adaptative (PA), une approche émergente au niveau mondial de la prise de décision pour faire face à l’incertitude future et aux risques qui l’accompagnent.

La session était présidée par Gen Neilsen, directrice des installations et des services de traitement de l’eau à la ville d’Ottawa, et a exploré la raison d’être, les défis et les avantages de l’utilisation de l’AP pour la planification à long terme de l’infrastructure et de la gestion de l’eau. Mme Neilsen a fait remarquer que “les services publics de l’eau doivent adopter l’AP pour faire face à une incertitude sans précédent, y compris les changements dans les réglementations, les finances, le climat et la croissance de la population”.

Les panélistes étaient les suivants : Tim Reeder, qui a élaboré et dirigé le premier processus d’AP pour le plan Thames Valley Estuary 2100 et est considéré comme un expert mondial de premier plan en matière d’AP ; Yena Bassone-Quashie, ingénieur professionnel qui termine un doctorat en AP à l’Université métropolitaine de Toronto ; Maya Buchanan, vice-présidente adjointe du climat, de la résilience et de la durabilité chez WSP et experte internationale de premier plan en matière d’AP ; et Kavita Heyn, gestionnaire de l’AP et de la gestion de la demande au Bureau de l’eau de Portland.

Les panélistes s’accordent à dire que la planification conventionnelle manque de la flexibilité nécessaire pour s’adapter efficacement à des conditions changeantes, ce qui augmente le risque de surinvestissement ou de sous-investissement dans les infrastructures au mauvais moment.

Les éléments clés de l’AP ont été décrits par Yena Bassone-Quashie comme suit :

  • Analyse de scénarios pour évaluer les conditions futures plausibles.
  • Conception et mise en œuvre de solutions flexibles et robustes.
  • Élaboration de paramètres pour le suivi des performances et le retour d’information.

Tim Reeder a souligné l’importance de comprendre les limites du système sur la base d’une analyse de scénarios et de cartographier de manière préventive les voies de réponse, comme cela a été fait pour le plan adaptatif 2100 de l’estuaire de la vallée de la Tamise, et a partagé une approche récemment développée dans le cadre d’un atelier pour compléter une boîte à outils d’évaluation rapide des voies d’adaptation (RAPA). Le Portland Water Bureau s’est inspiré d’exemples concrets pour mettre l’AP en pratique. Kavita Heyn a décrit comment le Bureau est passé d’une prévision fixe de la demande à une planification adaptative basée sur des scénarios après des échecs répétés des prévisions. Grâce à cette approche, elle a élaboré une feuille de route adaptative qui comprend un ensemble de projets de base et une boîte à outils d’actions adaptatives déclenchées par un suivi et un examen continus.

Maya Buchanan a montré comment la planification adaptative peut être adaptée à un large éventail de projets de planification, qu’il s’agisse de plans à l’échelle du système ou de plans spécifiques à un projet. Ayant mené d’importantes recherches sur la planification des infrastructures dans les services publics de distribution d’eau aux États-Unis et au Canada, elle a déclaré à l’auditoire : “Vous faites déjà de la planification adaptative, mais vous ne l’appelez pas comme ça. Il s’agit d’identifier les éléments de l’AP qui répondent aux besoins de planification et de résolution de problèmes des services municipaux de distribution d’eau.

Les avantages de l’AP ont été décrits collectivement par les panélistes :

  • Le risque d’investissement est réduit par l’identification d’options alternatives appropriées pour chaque scénario plausible.
  • Les décisions peuvent être prises sur la base d’un niveau de risque acceptable.
  • Des ajustements peuvent être effectués – sur la base des connaissances les plus récentes – parce que le suivi et l’évaluation sont des éléments intégrés.
  • Les services publics peuvent commencer modestement en intégrant des éléments spécifiques de l’AP dans la planification actuelle (comme l’analyse de scénarios), puis en l’élargissant au fur et à mesure que les capacités et les moyens le permettent.

Aperçu de la séance de questions-réponses

Question : Comment le Portland Water Bureau est-il passé d’un plan fixe à un plan plus adaptatif ?

Le Portland Water Bureau a élaboré un plan de base de projets prioritaires à court terme et a introduit une boîte à outils d’actions adaptatives qui sont réévaluées régulièrement. Cette structure adaptative a été acceptée par l’État (Oregon) et est devenue une feuille de route que le Bureau peut utiliser et mettre à jour activement.

Question : Comment gérer les longs délais de mise en place d’une infrastructure (par exemple, 10 ans) ? Que se passe-t-il si les priorités changent ?

Les longs délais sont un problème tant pour la planification conventionnelle que pour la planification adaptative. La différence avec la planification adaptative est qu’elle intègre la flexibilité dans le pipeline du projet. Il est admis que tous les plans ne peuvent pas être modifiés, mais les voies adaptatives prévoient des points de contrôle et d’examen pour réévaluer les hypothèses et les trajectoires afin de procéder aux ajustements nécessaires avec un délai suffisant.

Question : Quelle est la vision à long terme [du groupe] pour une eau durable au Canada ?

Une réflexion intergénérationnelle est nécessaire – par exemple, l’Australie a un horizon de planification de l’eau de 150 ans. La durabilité à long terme exige que nous intégrions la résilience sociale, écologique et économique dans le processus de planification. Au niveau macroéconomique, le Canada doit passer d’une vision de l’eau comme étant abondante à une gestion de l’eau comme étant limitée et partagée.