Lors de la conférence Blue Cities de cette année, un panel de discussion opportun a exploré comment les services publics d’eau canadiens peuvent mener la charge vers des opérations de carboneutralité dans le secteur de l’eau. Organisée par le Réseau canadien de l’eau, la session a réuni des dirigeants municipaux, des innovateurs du secteur privé et des experts mondiaux pour partager des stratégies pratiques de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le secteur de l’eau.
Présidé par Dave Szeptycki (York Region), le panel était composé de Bruce Ander (Markham District Energy Inc.), Jeff Carmichael (Metro Vancouver), David Ponder (US Water Alliance) et Emma Shen (Jacobs). Ensemble, ils ont souligné l’urgence de l’action climatique et le rôle unique que les services publics de l’eau peuvent jouer dans la mise en œuvre de changements significatifs.
Pourquoi les compagnies des eaux doivent-elles prendre l’initiative ?
Les municipalités subissent déjà les effets du changement climatique – la hausse des températures, les conditions météorologiques extrêmes et la modification des régimes de précipitations exercent de nouvelles pressions sur l’infrastructure de l’eau. En tant que fournisseurs de services essentiels, les services publics ont à la fois la responsabilité et l’opportunité de montrer l’exemple en réduisant les émissions et en renforçant la résilience climatique.
Les panélistes ont souligné que la réduction des GES n’est pas seulement une question de respect des objectifs climatiques, mais aussi de protection des infrastructures et de fiabilité des services à long terme. De nombreuses mesures de réduction des émissions s’alignent sur les meilleures pratiques opérationnelles, ce qui les rend à la fois pratiques et rentables.
Construire un argumentaire sur les co-bénéfices
Les efforts de décarbonisation offrent souvent des avantages multiples. La réduction des émissions fugitives de méthane, par exemple, améliore la sécurité et réduit le risque réglementaire. Les mesures d’efficacité énergétique peuvent réduire les coûts d’exploitation tout en diminuant l’empreinte carbone d’un service public. Ces co-bénéfices contribuent à renforcer l’argumentaire en faveur de l’action.
Les voies du progrès
Priorités stratégiques :
La décarbonisation doit être intégrée comme un objectif fondamental de l’entreprise. Bon nombre des actions nécessaires – telles que l’optimisation de la consommation d’énergie, la gestion de la demande en eau et l’entretien des actifs – font déjà partie d’une bonne gestion des services publics.
Renforcer l’autonomie des personnes :
Les opérateurs jouent un rôle central dans la réduction des émissions. La formation du personnel à la surveillance et à la gestion des émissions de procédés tels que l’oxyde nitreux et le méthane gagne du terrain, en particulier dans le sud de l’Ontario. L’apprentissage par les pairs, y compris les programmes d’échange d’opérateurs, a été mis en évidence comme un outil puissant pour accélérer les progrès.
Innovations techniques :
L’efficacité énergétique reste un point de départ essentiel. L’optimisation des systèmes d’aération, des pompes et des moteurs permet de réaliser des économies immédiates. La détection et la réduction des fuites de méthane constituent un autre domaine à fort impact, avec des avantages supplémentaires en termes de sécurité et de finances.
Les données comme moteur :
Les services publics sont encouragés à traiter les données comme un atout stratégique. Passer de la collecte de données à l’analyse des données permet d’améliorer la prise de décision et d’identifier les points chauds en matière d’émissions et les possibilités d’efficacité.
Des approches adaptées à divers systèmes
Les panélistes ont mis en garde contre les solutions uniques. Chaque installation présente des caractéristiques uniques et les stratégies doivent être adaptées en conséquence. Les services publics doivent également trouver un équilibre entre les objectifs de décarbonisation et l'”infra-stretching”, c’est-à-dire l’optimisation de la capacité existante pour retarder les expansions coûteuses.
Libérer des opportunités plus larges
La collaboration transfrontalière entre le Canada et les États-Unis peut accélérer l’innovation grâce au partage d’études de cas et de bonnes pratiques. Le groupe a également souligné le potentiel du lien entre l’eau et l’énergie, où des industries installées au même endroit peuvent transformer les déchets en énergie.
Étude de cas : Markham District Energy
Bruce Ander a expliqué comment Markham District Energy s’est associé à la région de York pour exploiter la chaleur d’une conduite principale d’eaux usées située à proximité en utilisant la technologie de la pompe à chaleur. Cette approche novatrice compense l’utilisation du gaz naturel dans leur système énergétique de quartier – un exemple de couplage sectoriel qui transforme les eaux usées en une source d’énergie propre.
Perspectives d’avenir
Le panel a conclu avec un message clair : le chemin vers la carboneutralité de l’eau est à la fois réalisable et nécessaire. Avec la bonne combinaison de stratégie, de formation, de technologie et de collaboration, les services publics de l’eau peuvent ouvrir la voie à un avenir plus résilient et plus durable.
