S’adapter au changement climatique : disponibilité de l’eau et agriculture dans les Prairies canadiennes

septembre 19, 2025

Bulletin trimestriel du Réseau canadien de l’eau (RCE) contenant les dernières nouvelles, des perspectives, et des réflexions de leaders d’opinion.

Alors que le réchauffement climatique se poursuit, les Prairies canadiennes, qui abritent certaines des terres agricoles les plus productives du pays, connaissent des changements spectaculaires en matière de disponibilité de l’eau et d’aptitude des terres. Afin de mieux comprendre ces changements, le Réseau canadien de l’eau (RCE) s’est associé au Prairie Adaptation Research Collaborative (PARC) de l’Université de Regina et à ClimateWest pour examiner l’avenir du secteur agricole dans les Prairies canadiennes. Les précieuses recherches menées dans le cadre de ce partenariat ont été financées en partie par le programme Tech for Nature de la Banque Royale du Canada.

Au cœur de ce projet se trouve un outil de visualisation basé sur le SIG, conçu pour aider les organisations agricoles, les décideurs politiques et les chercheurs à comprendre les changements climatiques prévus et à y répondre. Les résultats soulignent l’importance cruciale de la disponibilité de l’eau et de l’adaptation stratégique face à la hausse des températures et à l’évolution des régimes de précipitations.

Les modèles climatiques prévoient que la région des Prairies connaîtra un réchauffement important, avec une augmentation des températures moyennes annuelles comprise entre 3 et 10 °C d’ici la fin du siècle. Les précipitations devraient également augmenter, en particulier au printemps, mais des vagues de chaleur plus fréquentes et plus intenses pourraient compenser ces avantages. Ces changements pourraient prolonger la saison de croissance, mais aussi augmenter le nombre de journées et de nuits chaudes, ce qui peut stresser les cultures et réduire les rendements.

Les recherches révèlent un changement dynamique dans l’aptitude des terres à cultiver des céréales comme le blé de printemps. Certaines zones historiquement marginales pourraient devenir plus viables, tandis que d’autres pourraient être confrontées à des contraintes hydriques croissantes. Le blé de printemps et l’orge pourraient connaître des gains de rendement à court terme, en particulier dans les régions agricoles du nord des Prairies, mais ces gains devraient s’inverser d’ici la fin du siècle. En revanche, le canola est une culture sensible à la chaleur qui devrait subir des baisses de rendement importantes. Les disparités spatiales soulignent l’impact inégal du changement climatique dans les Prairies.

Il est important de noter que les modèles décrivent les scénarios les plus pessimistes, en supposant que les agriculteurs n’adoptent aucune pratique de gestion proactive adaptative. En réalité, la plupart des agriculteurs ajustent leurs pratiques en fonction de leurs années, voire décennies, d’expérience. Cette recherche contribuera à éclairer les programmes qui aident les agriculteurs à s’adapter au changement climatique.

Cette recherche montre toutefois clairement que les changements futurs dans la disponibilité de l’eau résultant du changement climatique nécessiteront une adaptation. À mesure que le réchauffement se poursuit, l’agriculture dans les Prairies doit évoluer grâce à des stratégies éclairées de sélection des cultures et de gestion de l’eau. L’outil SIG développé dans le cadre de ce projet sera un atout pour éclairer les décisions.

Bien que cette recherche se concentre sur le secteur agricole, l’eau ne connaît pas de frontières. De nombreuses communautés des Prairies dépendent de sources d’eau de surface, telles que les rivières et les réservoirs, pour leur approvisionnement en eau potable. La réduction de la disponibilité de l’eau entraînera une baisse du niveau des eaux et une pression accrue sur ces sources, ce qui conduira à des mesures de conservation et à des restrictions plus fréquentes pour les communautés des Prairies. Dans cette optique, il est impératif d’établir des relations de travail solides entre les différents secteurs à mesure que notre climat continue de changer. Le moment est venu d’agir de manière collaborative.