Quand les feux de forêt menacent l’eau – Renforcer la résilience face au changement climatique

Actualitésseptembre 10, 2025

À mesure que les feux de forêt gagnent en fréquence et en intensité partout au Canada, leurs répercussions vont bien au-delà des forêts brûlées et du ciel enfumé. Ils menacent silencieusement l'une de nos ressources vitales : l'eau potable propre et salubre.  

Le 21 juillet 2025, le Réseau canadien de l'eau (RCE) a organisé un webinaire pour explorer comment les collectivités peuvent accroître leur résilience aux chocs climatiques, en mettant l'accent sur les leçons tirées de la préparation aux feux de forêt. La séance a mis en vedette la professeure Monica Emelko de l'Université de Waterloo et Antoine Rempp de la municipalité régionale de Wood Buffalo à Fort McMurray, en Alberta. 

La professeure Emelko a ouvert la session en soulignant les répercussions considérables des feux de forêt. « Non seulement les feux de forêt ont un impact sur la qualité et la traitabilité de l'eau, a-t-elle expliqué, mais ils peuvent également avoir des conséquences sur l'écosystème et le bassin versant. Ils peuvent affecter l'hydrologie du système ainsi que la disponibilité de l'eau. » Sa présentation a introduit un cadre pratique pour la préparation aux chocs climatiques qui souligne l'importance d'une surveillance stratégique à long terme et de la compréhension de votre bassin versant face aux feux de forêt, aux inondations et à d'autres perturbations. La professeure Emelko a fait remarquer que « vous ne pouvez pas vous fier au passé pour prédire l'avenir, donc si vous ne surveillez pas, vous avez peu de moyens d'évaluer s'il y a un changement dans votre système ». Les principaux enseignements de son cadre sont les suivants : 

  • Connaître sa source, car les impacts des perturbations sont mieux identifiés à l'aide de données antérieures à la perturbation.  
  • S'assurer que la collecte de données couvre à la fois les périodes antérieures et postérieures à la perturbation afin de refléter la variabilité hydroclimatique.  
  • Renforcer la surveillance après des événements tels que les incendies de forêt.  
  • Identifier les bassins versants de référence appropriés lorsque les données de référence ne sont pas disponibles. 

Antoine Rempp a partagé l'expérience de Fort McMurray après l'incendie de Horse River en 2016. « Neuf ans plus tard, nous subissons toujours les effets de cet incendie dans notre usine de traitement des eaux », a-t-il déclaré. « Ces effets pourraient persister pendant des années, voire des décennies. » Bien que seule une petite partie du bassin versant de l'Athabasca ait été brûlée, la municipalité est confrontée à des défis persistants, notamment une augmentation de la matière organique et des proliférations d'algues récurrentes. M. Rempp a décrit comment l'équipe a testé diverses options de traitement et a conclu que l'ozone était la plus prometteuse, bien que coûteuse. Il a également souligné l'importance de la gestion adaptative, affirmant que « plus nous collaborons et partageons nos connaissances, mieux nous sommes équipés pour nous adapter et répondre aux défis en constante évolution que le changement climatique pose à nos systèmes d'approvisionnement en eau ». 

Le webinaire a mis en évidence plusieurs thèmes clés : la nécessité de se concentrer sur la traitabilité plutôt que sur le simple traitement, la valeur d'une surveillance à long terme et basée sur les événements, et l'importance de solutions collaboratives et spécifiques à chaque site. Les deux intervenants ont souligné qu'une planification proactive et des infrastructures flexibles sont essentielles pour faire face à la complexité croissante des défis liés à l'eau et au climat. 

Alors que les chocs climatiques deviennent plus fréquents, le webinaire du RCE a rappelé à point nommé que la résilience ne se limite pas à la reprise, mais qu'elle passe aussi par la préparation, la prévoyance et la collaboration pour protéger l'avenir de notre eau.